Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Avec accusé de déception
14 septembre 2020

Gentleman Mendy (Le “Diamant” n’était pas éternel)

“Mais il sait comme consolation

Son manager a d’autres champions”

“Battling Joe”, chanté par Yves Montand

 

Ce n’est pas pour faire mon malin, mais le seul larcin que j’ai commis dans ma vie fut de dérober dans le quartier Latin un Livre de poche, « Histoires de boxe », de Jack London. Lequel a fait le premier entrer l’anglaise dans la littérature. Pratique obscène car si le noble art a été inventé par des aristocrates britanniques qui en tournoi s’embrochaient trop fréquemment à coups d’épée – un direct est moins dangereux tout de même –, elle a longtemps été interdite aux femmes. 

41v3IZ+Q4qL

Jack London a su en faire un sujet prolétarien. On a souvent que ses deux poings comme capital. 

Bien loin devant le foot ou le rugby, la boxe est le sport le plus cinématographique. La souffrance des pugilistes répond à celle des travailleurs. Et à la grâce de leurs gestes quotidiens. 

Le poète et cinéaste Jean Cocteau, remis de l’opium, entraîna le grand boxeur Al Brown, lui-même longtemps accro : « Le calme, le destin, la couronne d’épines. La franchise, la danse et le choc du départ. […] Le ring environné de tombes et d’amis, et cet homme debout parce qu’il l’a promis. »

Boxer, c’est danser, c’est l’art d’éviter les coups, pas d’en donner.

Il y a bien des années, j’ai tenu le bureau des élections prud’homales dans l’ancienne mairie d’Arcueil. Sur la liste, je tombai sur un certain Jean-Baptiste Mendy. Ému, je l’avais en face de moi :

« Vous êtes le grand boxeur ?

                             Oui, j’ai eu une petite carrière… »

1024px-Jbmendy_en_garde

Ce proche de Richard Bohringer a quand même été champion du monde des légers WBC en 1996 et WBA deux ans plus tard. Une modeste carrière ?

Son visage portait encore les coups reçus bien qu’il eût raccroché les gants quelques années plus tôt. Ses poings étaient boursoufflés. Il était fier de venir voter, lui qui double champion mondial, surnommé « le Diamant » car doté d’une technique de dingue au service d’une droite redoutable, travaillait comme manutentionnaire dans une supérette près de la nationale 20.

Cet homme adorable est mort le lundi 31 août d’un foudroyant cancer du pancréas, à l’âge de seulement 57 ans. 

Et sa fédération dans tout ça ? Il n’était que de la chair à ring… Faut dire que quand on est né à Dakar…

Est-ce ainsi que les boxeurs vivent

Et leurs victoires au loin les suivent

Comme des soleils révolus

 



Publicité
Publicité
Commentaires
Avec accusé de déception
Publicité
Archives
Newsletter
Avec accusé de déception
Publicité