Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Avec accusé de déception
27 mai 2017

Samedi 27 mai : Deux légendes : le Mur des fédérés, la muse du “Temps des cerises”…

Fonds : Bibliothèque historique de la Ville de Paris.

La Commune de Paris à l'Hôtel de Ville de Paris (18 mars - 28 mai 2011) - 27 mai : derniers combats au cimetière du Père-Lachaise

Gravure d'Amédée Daudenarde pour Le Monde illustré du 24 juin 1871 

Après la nuit, le brouillard. À couper au couteau. La canonnade reprend.

En milieu de journée se tient l’ultime réunion de ce qui reste du Conseil communaliste. Certains mandataires rêvent encore d’enfoncer le centre de Paris, d’autres entendent négocier.

Constant Martin, ancien secrétaire de la Délégation des vingt arrondissements, s’y oppose :

« De toute façon, ils nous fusilleront. Ne ternissons pas l’image des fédérés. Affrontons bravement la mort pour que ceux qui nous succéderont puisent la force nécessaire à l’accomplissement de la révolution sociale. Vive la Commune ! » Son avis l’emporte.

Les troupes de Versailles avancent avec prudence dans les quartiers populaires. Le bruit s’est répandu que la nourriture et l’eau sont empoisonnées et les égouts, minés. Tout est perdu et pourtant des fédérés continent de tenir en échec les versaillais. Places du Marché et des Fêtes, cinq artilleurs seulement servent toute la journée, protégeant les Buttes-Chaumont sans que personne ne leur demande de le faire. Ils cessent le feu que faute de munitions avant de rejoindre des tirailleurs sur d’autres barricades.

Bientôt le 1er régiment d’infanterie de marine s’engouffre dans le cimetière du Père-Lachaise, tenu par seulement deux cents fédérés. Malgré leur supériorité numérique, les versaillais hésitent, échaudés aussi bien par la résistance héroïque des communeux que par la pluie battante. Les fédérés se défendent de tombe en tombe. Jusqu’au fond des caveaux, on s’égorge à l’arme blanche. Les Ruraux achèvent les blessés, mutilent les cadavres et fusillent près du mur méridional les cent quarante-sept derniers fédérés encore capables de tenir debout.

Les versaillais bombardent jusqu’à Bagnolet où ils blessent des Prussiens.

Les mandataires n’ont pas abandonné leurs électeurs. Jean-Baptiste Clément est sur la barricade de la rue des Trois-Bornes, Jules Vallès, sur celle qui fait face à la salle Favié ; Eugène Varlin sur celle de la rue du Faubourg-du-Temple et de la Fontaine-au-Roi.

Les derniers communeux tiennent dans le quadrilatère: Faubourg-du-Temple, Folie-Méricourt, la Roquette et les boulevards extérieurs.

Une ambulancière, Louise, distribue de l’eau et des soins aux blessés et aux combattants encore valides. On la dit proche de Jean-Baptiste Clément.

Demain, elle disparaîtra dans l’explosion de la barricade de la rue Fontaine-au-Roi.

Clément, qui ne connaîtra jamais le nom de famille de Louise, lui dédiera son « Temps des cerises ».

 

 Bonus musical : Charles Trenet : le temps des rourises

 

 

Publicité
Publicité
Commentaires
Avec accusé de déception
Publicité
Archives
Newsletter
Avec accusé de déception
Publicité