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Avec accusé de déception
26 mai 2017

Jeudi 25 mai : parmi les morts : Delescluze et Moreau…

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source : ici

 

Ce matin, Mac-Mahon s’est fixé comme trois objectifs : la Bastille, la place du Château-d’Eau et la Butte-aux-Cailles, celle-ci étant l’ultime position fédérée sur la rive gauche.

Peu après midi, le général Cissey met en branle trois colonnes. La canonnade devient infernale. Les « pantalons rouges » commencent à s’infiltrer entre les fortifications et le chemin de fer de ceinture. D’autres montent du Panthéon.

Rue Baudricourt, des dizaines de fédérés sont massacrés. Place Jeanne-d’Arc, les versaillais se servent de prisonniers comme de boucliers humains.

Survient la tragédie des dominicains d’Arcueil…

Détenus à la prison disciplinaire de l’avenue d’Italie, ils sont libérés ainsi que tous les autres prisonniers quand les premiers obus versaillais s’y abattent. Or, certains fédérés mais aussi des femmes, tous rendus furieux par les massacres perpétrés au Panthéon, s’en prennent aux calotins qu’ils voient s’enfuir à toutes jambes. D’aucuns pensent qu’ils font des signaux aux versaillais. Ils les tirent comme des lapins. Chasse sanglante : quatorze morts, cinq dominicains et neuf employés du couvent.

 

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Barricade Voltaire Lenoir

Les royalistes emportent le Marais et se dirigent vers la place du Château-d’Eau. Martir nous y entraîna tous. Sur les barricades, il se murmure qu’Édouard Moreau, du Comité central de la Garde nationale, a été fait prisonnier. Lui qui est l’âme du Comité central, l’œil du Comité de salut public, sera passé par les armes dans la caserne Lobau, abattoir du centre de Paris.

Le délégué au Travail de la Commune, Léo Fränkel, juif Hongrois de naissance, internationaliste de préférence, est blessé rue du Faubourg-Saint-Antoine. À ses côtés se tient Élisabeth Dmitrieff, blessée également.

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Meurtri par la débâcle, le vieux Charles Delescluze écrit une ultime lettre : « Ma bonne sœur, je ne veux ni ne peux servir de victime et de jouet à la réaction victorieuse. Pardonne-moi de partir avant toi qui m’as sacrifié la vie. Mais je ne me sens plus le courage de subir une nouvelle défaite après tant d’autres. Je t’embrasse mille fois comme je t’aime. Ton souvenir sera le dernier qui visitera ma pensée avant d’aller au repos. Je te bénis, ma bien-aimée sœur, toi qui as été ma seule famille depuis la mort de notre pauvre mère. Adieu. Adieu. Je t’embrasse encore. Ton frère qui t’aimera jusqu’à son dernier moment. »

Quelques minutes plus tard, ceint de son écharpe tricolore, pantalon et redingote noirs impeccables, chapeau élégamment posé, Delescluze s’avance vers la barricade du Château-d’Eau. Il gravit les pavés avant d’être englouti par le feu versaillais.

En ce jeudi soir ne nous restait plus que la moitié des XIe et XIIe, le XXe et la plus grande partie du XIXe.

Même mort, Charles Delescluze fait encore peur aux versaillais, qui délibérément jettent son cadavre à la fosse commune de crainte que les Parisiens ne lui rendent un hommage posthume…

 

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