Lundi 22 mai : "l'expiation sera totale"
Auteur de l’“Histoire de la Commune de 1871” (un classique), Prosper Olivier Lissagaray, qui a failli être l’un des gendres de Karl Marx, écrit à propos de ce lundi :
« La nuit amortit la fusillade. De rouges clartés s’élèvent rue de Rivoli. Le ministère des Finances brûle. Il a reçu toute la journée une partie des obus versaillais destinés à la terrasse des Tuileries, et les papiers emmagasinés dans ses combles se sont enflammés. Les pompiers de la Commune ont éteint une première fois cet incendie qui contrarie la défense de la redoute Saint-Florentin; il s’est bientôt rallumé plus envahisseur, inextinguible.»
Pour circuler, le Parisien doit montrer patte blanche à chaque barricade. Dans le dernier numéro du “Père Duchêne”, il peut lire: “Une prime pour ceux qui rapporteront dans leur gibecière une tête de roussin.”
Sans commandement depuis des heures, le général polonais Dombrowski s’est rendu aux avant-postes de Saint-Ouen. D’aucuns (des espions ?) l’accusent de vouloir aller se réfugier derrière les lignes prussiennes. Vers dix heures, on le conduit à l’Hôtel de Ville, où le Comité de salut public lui renouvelle sa confiance.
Perchés sur le mont Valérien, des bourgeois, voire des députés, observent en curieux les combats de rue et les bombardements.
Depuis le matin, Malon et Jaclard réclament des renforts : ils craignent que les « pantalons rouges » n’envahissent la butte Montmartre.
Eugène Varlin, de l’Internationale, demande à Francisco Salvador Daniel, célèbre musicien et introducteur de la musique arabo-andalouse en France, de tenir la barricade de la rue de Rennes.
À la nuit tombée, Paris devient soudain silencieux. Bientôt l’assaut final ? Certains à la Commune se réjouissent de la situation : en s’enfonçant dans notre ville, les versaillais seront pris au piège.
Déni de réalité… les barricades sont bien trop nombreuses pour être défendables. Il en aurait fallu tout au plus deux cents et encore dans des lieux hautement stratégiques.
Adolphe Thiers
dit Foutriquet à cause de sa petite taille
Adolphe Thiers a prévenu Paris : « L’expiation sera complète. Elle aura lieu au nom des lois, par les lois, avec les lois. » « Foutriquet » oublie de préciser qu’il inventera ces lois : les pelotons d’exécution feront plus de victimes que les combats de rue !
Petit bonus musical
Hommage au musicien cité ! Bonne (re)dédouverte :