Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Avec accusé de déception
8 mars 2017

8 mars 1917 : quand Apollo Creed danse avec Emma Goldman

« Raconter, c’est résister »,

 Guimarães Rosa,

écrivain brésilien

 (1908-1967)

1917

 

Ce n’est pas pour faire mon malin, mais je ne goûte guère le cynisme de nos contemporains adeptes du despotisme éclairé. Ce qui ne se justifiait déjà pas du temps de Voltaire relève aujourd’hui de l’anachronisme cryptocolonialiste. J’abhorre les quelques ceux qui pensent que certaines « peuplades », par exemple subsahariennes, arabes ou asiatiques ne sont pas mûres pour la démocratie. Il leur faut un dictateur, comme autrefois aux jeunes Français, une bonne guerre. Ah oui ! j’allais oublier les Russes. Entre le tsar, Lénine, Staline et maintenant Poutine, ils ne comprennent que le knout.

Quand même, ils sont bizarres, les Russkofs, comme disait Cavanna. N’ont-ils pas inventé la troïka, le seul attelage où les chevaux courent à différentes allures tout en maintenant le cap ?

Et puis, ils embrouillent tout le monde. Leur révolution d’octobre a eu lieu en novembre, enfin, le novembre de notre calendrier grégorien. Et celle de février a débuté le 8 mars. Aujourd’hui !

Dans « le Ressentiment dans l’Histoire », l’excellent Marc Ferro décrit ainsi cette « révolution intégrale » : « Dans son élan, la révolution de février 1917 fut la plus intégrale de tous les temps. Pourtant, la postérité a retenu comme telle la révolution d’Octobre parce que celle-ci a duré. Également parce qu’elle a inscrit dans l’Histoire le projet socialiste, c’est-à-dire une transformation de la société au vu de la Raison héritée des Lumières.

Il reste que, dans sa spontanéité, la révolution de février fut la réponse immédiate à des aspirations que portaient en elles les populations de Russie.

Mais seulement de Russie ?

On en jugera.

À Moscou, des travailleurs obligèrent le patron de leurs usines à apprendre les fondements d’un futur droit ouvrier. Aux armées, les soldats invitaient leur aumônier à assister à leurs réunions, pour qu’elles donnent un sens à sa vie. Dans la province de Penza, les moujiks demandaient à leur propriétaire combien il avait d’enfants, pour pouvoir partager équitablement ses terres. À Odessa, les étudiants de l’université dictaient à leur professeur d’histoire ce que devait être le programme de leurs études.

Il n’était pas jusqu’aux enfants qui n’aient revendiqué, “pour les moins de quatorze ans, le droit d’apprendre la boxe pour se faire entendre des grands”.

C’était le monde renversé.

Ce fut la suite de quelques événements mémorables.

Dès la chute du tsar Nicolas II, après les cinq jours où la capitale s’était soulevée contre l’autocratie, la pénurie, les défaites, et où les soldats désobéirent à leurs officiers en refusant de tirer sur les manifestants, le pays tout entier fut agité par une effervescence frénétique et enthousiaste sans pareille.

En quelques semaines, la société se débarrassa de tous ses dirigeants : le monarque et ses hommes de loi, la police et les prêtres, les fonctionnaires et les patrons… Chaque citoyen se sentit libre, libre de décider à chaque instant de sa conduite et de son avenir.

Comme les chantres de la révolution l’avaient annoncé, on entrait dans une ère nouvelle de l’histoire des hommes. »

La Grande Russie durant quelques mois fut le pays le plus libre du monde. Et puis après…

Libertaire russo-américaine, Emma Goldman arriva « après ». D’abord sympathisante des bolcheviques, elle les combattit ensuite comme elle avait combattu les rabbins qui avaient voulu l’empêcher de s’épanouir à la Betty Boop. « If I can’t dance I don’t want to be part of your revolution. »

Alors une spéciale dédicace à ma compagne, Anne, et à notre amie Nadja, qui n’ont jamais vu un film de Rocky ni dansé tel Apollo Creed sur le ring au son de James Brown… allez la video rien que pour vous ou presque :


et quelques photos :

Manifestation des femmes à Petrograd en février 1917

Manifestation des femmes à Petrograd en 1917

 

Scènes de fraternisation entre soldats et ouvriers à Petrograd en 1917 

Scènes de fraternisation entre soldats et ouvriers à Petrograd en 1917

 

Emma Goldman

Emma Goldman 

 

The affiche

The affiche !

 

Publicité
Publicité
Commentaires
Avec accusé de déception
Publicité
Archives
Newsletter
Avec accusé de déception
Publicité